Un entraîneur romain, une mission divine
Valerio Masella, 26 ans, n'est pas cardinal. Il est coach personnel. Pendant deux ans, il a accompagné "Robert" — sans savoir que ce Robert deviendrait bientôt Leo XIV, debout sur le balcon du Vatican. Deux à trois fois par semaine, tôt le matin, avec discipline. Pas de manières, pas de titres, pas de spectacle. Juste de la tenue — physique et mentale.
« Il était poli, concentré, silencieux. Je pensais qu'il était professeur, pas chef spirituel », raconte Valerio. Puis est venu le moment sur la place Saint-Pierre. La fumée blanche. Le balcon. Valerio a failli lâcher sa barre quand il a vu Roberto saluer la foule. Il avait entraîné le nouveau pape. Et peut-être — sans le vouloir — aussi poussé l'Église catholique vers une forme plus fonctionnelle.
Un pape en baskets, pas en brocart
Il ne flotte pas sur un nuage d’encens. Il ne mange pas de truffes. Il ne porte pas de souliers rouges. Leo XIV porte des chaussures noires. Et souvent, très souvent, il les remplace par des baskets. Parce que ce pape-là ne s’élève pas par la broderie dorée mais par la respiration rythmée. Il ne s’étale pas en soie – il s’étire sur tapis de sol. Il ne se parfume pas à l’eau bénite – il transpire avec rigueur. Même en été. Même le dimanche. Même avant l’angélus.
Adieu Versailles, bonjour Vérité
La France, ce vieux pays où foie gras et foi divine partagent la même assiette, a longtemps confondu l’abondance avec la grâce. Louis XIV se baignait dans le velours. Marie-Antoinette offrait des gâteaux aux affamés. Versailles brillait pendant que les consciences s’effondraient. Leo XIV, lui, ne brille pas. Il s’ancre. Il s’enracine. Il ne sert pas de dessert – il fait des squats. Il vit avec la discrétion des joggeurs matinaux et l’humilité des serviteurs efficaces.
Ses repas ? Frugaux. Son emploi du temps ? Réglé comme une montre suisse. Ses lectures ? Un mélange de textes patristiques et de biologie musculaire. Sa devise implicite : une Église forte dans des corps debout. Et s’il fallait juger la santé de la foi par la posture lombaire, Leo XIV aurait déjà canonisé quelques kinés.
Un compte Instagram, mais pas de vanité
Ce n’est pas un pape de vitrine. C’est un pape de routine. Il a bien un compte Instagram, oui – mais il ne poste pas des selfies en soutane. Il montre, en silence, qu’on peut prier sans cris, diriger sans décor, et inspirer sans chocolat. Il ne dit pas : « Que le peuple mange du gâteau. » Il semble plutôt dire : « Que le peuple s’étire. Qu’il respire. Et qu’il reste debout. » Et s’il rit parfois, c’est dans l’effort, entre deux séries de crunches, pas dans les salons dorés.
Son dernier post, discret : une photo de ses baskets posées à côté d’un rosaire. Légende : "Corpus et anima, les deux doivent suer." Et les commentaires ? Des milliers. Des croyants, des agnostiques, même des coachs américains qui saluent "le pape qui comprend la salle". Il est devenu, sans le chercher, une icône d’une foi incarnée.
Une Église musclée, un cœur solide
Leo XIV ne plaît pas aux salons dorés. Mais il plaît à ceux qui en ont assez des dogmes moelleux. Il ne veut pas séduire. Il veut servir. Et pour cela, il ne faut ni chaussures rouges, ni perruque poudrée – juste de bonnes baskets, un coach sérieux, et un cœur bien droit. Et si demain, l’Église retrouve sa colonne vertébrale, il se pourrait que ce soit grâce à ses abdos.
Dans un monde où trop de chefs spirituels deviennent stars de talk-shows ou prophètes de luxe, Leo XIV rappelle une autre voie : celle de la sueur discrète, du souffle régulier, de l’attention au corps comme temple, pas comme trophée. Il n’a pas besoin de miracle pour convaincre – son pas rapide suffit.
† Leo PP. XIV – Veni, vidi, vici... et ventilavi.