Est-ce que le Nordic Walking soulage vraiment les articulations ?

Est-ce que le Nordic Walking soulage vraiment les articulations ?

Ça va leur passer : le retour (pas si discret) du Nordic Walking

« Ça va leur passer », disaient-ils – ces joggeurs en lycra persuadés que marcher avec des bâtons en forêt ne pouvait être qu’un effet de mode, une lubie passagère comme les rollers fluorescents ou le step des années 90. Dix ans plus tard, le Nordic Walking n’a non seulement pas disparu, mais il s’est musclé – au sens propre comme au figuré. Fédérations, brevets, clubs, études scientifiques : il est temps de mettre fin aux clichés. Fitness.com vous propose une immersion dans ce sport discret, mais tenace, qui transforme la marche en entraînement de fond.

Aqua Nordic Walking : marcher dans l’eau, sérieusement ?

L’idée pourrait prêter à sourire, sauf qu’elle fonctionne. L’entraîneur allemand Michael Epp a transposé les mouvements du Nordic Walking dans un bassin de 1,35 m de profondeur. Le résultat : un entraînement complet, sans impact brutal sur les articulations. Colonne, hanches, genoux, pieds – tout le squelette remercie la poussée douce et régulière dans l’eau. Bonus non négligeable : on muscle aussi les bras, les abdos et les fessiers. Ce n’est pas de la flottaison zen, c’est du cardio intelligent.

Nordic Trekking : version longue durée

Vous aimez la nature, mais l’idée de marcher à 4 km/h vous ennuie ? Essayez le Nordic Trekking. Même technique, mais version XL. Distances plus longues, rythme plus soutenu, montre cardio obligatoire. Ici, le sport épouse le tourisme. On part pour une journée – ou une semaine – à la découverte de vallées reculées, de cols perdus ou de forêts alsaciennes pleines de cigognes et de silence. L’effort se conjugue au dépaysement.

Les règles du mouvement selon Mainz

Car oui, comme souvent dans le sport, les querelles techniques font rage. Chaque fédération a sa vérité, son angle du coude, son degré d’inclinaison optimal. Pour mettre de l’ordre, Ronald Bruger de l’université de Mayence a établi treize critères. Pas onze, pas quinze. Treize. Parce qu’en Allemagne, l’efficacité passe par la rigueur.

Exemples : balancement des bras contrôlé, poussée finale avec la dragonne, pas diagonal. Rien de spontané, tout est calibré. C’est de la science du mouvement, pas de la randonnée scout.

Le grand mythe : moins de pression sur les articulations ?

Le plus grand argument marketing du Nordic Walking – celui qui revient dans toutes les brochures – c’est qu’il « soulage les articulations ». Cinq chercheurs ont voulu vérifier. Résultat : entre marcher avec ou sans bâtons, la pression sur les articulations reste comparable. Pire : dans certaines conditions, elle serait même plus élevée avec les bâtons. Voici la synthèse de leur étude :

Type d’activitéCharge sur les articulationsCommentaires
Marche classiqueModéréeSans aide, bonne posture requise
Jogging légerÉlevéeImpact répété sur les genoux
Nordic WalkingVariablePas toujours protecteur


Conclusion provisoire : le bâton n’est pas une baguette magique. Tout dépend de la technique, du terrain, et du niveau de coordination du marcheur. Traduction : si vous vous emmêlez les jambes, n’accusez pas le sport.

Pourquoi ça marche quand même ?

Parce que le Nordic Walking coche beaucoup de cases modernes. Activité douce mais engageante. Pratique en solo ou en groupe. Compatible avec les seniors, les rééducations, les coachs Instagram et les week-ends detox. Et surtout : il plaît aux industriels. De Décathlon à Leki, les fabricants ont flairé le filon. Bâtons pliables, gants ergonomiques, capteurs de mouvement : le marketing fait son jogging. Les bâtons ne sont plus en bois – ils sont en carbone avec logo réfléchissant.

Le facteur sociétal : marcher ensemble, c’est rester humain

Ce que les chiffres n’expliquent pas, c’est le plaisir social. Les clubs de Nordic Walking fleurissent comme les clubs de pétanque, mais version cardio. On échange des techniques, on papote posture, on découvre des itinéraires. Et on respire. Vraiment. Dans un monde saturé d’écrans et de notifications, marcher avec un rythme régulier dans la nature – bâtons ou non – a quelque chose de profondément réparateur.

Et maintenant ?

La prochaine étape, c’est la fusion. Des versions connectées apparaissent. Des applications enregistrent les trajectoires. Des stages de pleine conscience incluent le bâton comme outil d’ancrage corporel. Le Nordic Walking entre dans la version 2.0 sans renier ses racines. Ceux qui pensaient que « ça allait passer » devront reconnaître qu’ils se sont trompés. Comme toujours en France : les modes passent, mais les bonnes idées restent. Et marcher, intelligemment, n’a jamais été aussi moderne.

Sources : étude comparative par K. Müller et al., Journal of Biomechanics (2023) • Fédération Française de Nordic Walking • Interview de Michael Epp (2022) • Université de Mayence, Institut des sciences du sport

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