Régime raciste : de quoi s’agit-il ?

Régime raciste : de quoi s’agit-il ?

Nous souhaitons tous vivre dans une société affranchie de toute forme de racisme. Et c’est sur ce principe que nous devrions également baser notre alimentation. Le mot peut choquer, mais il est choisi à dessein : un « régime raciste » est une diète monochrome, pauvre en diversité, fermée à la richesse naturelle des aliments.

À l’inverse, un régime équilibré, vivant, bénéfique pour le corps comme pour l’esprit, célèbre la diversité sous toutes ses formes – vitamines, couleurs, textures, origines. Si l’on transpose les principes d’inclusion à notre assiette, il devient évident qu’un plat grisâtre, composé uniquement de pâte, de fromage râpé et de viande hachée uniformément brunâtre, manque cruellement de nuances – nutritionnelles comme éthiques.

Une assiette peut-elle être discriminante ?

Pour couvrir nos besoins nutritionnels, l’idéal est de mélanger des sources variées de protéines : poissons, fruits de mer, volailles, viandes maigres, œufs, tofu si vous préférez. Et pour les légumes, oubliez la routine carotte-pois : pensez arc-en-ciel. Littéralement. Rouge, orange, jaune, vert, violet. Votre assiette devrait ressembler à une fresque impressionniste.

Ce n’est pas juste esthétique – c’est métaboliquement stratégique. Chaque pigment naturel indique un groupe d’antioxydants, de minéraux, d’enzymes qui agissent en synergie. Les anthocyanes des myrtilles n’ont rien à voir avec le lycopène des tomates ou les caroténoïdes des patates douces. Ensemble, ils sont un chœur de molécules bienfaisantes. Isolés, ils sont juste… solistes fatigués.

La comparaison qui fait mal

Imaginez une assiette : un filet de saumon légèrement rosé, posé sur un lit d’épinards verts, accompagné d’un demi-avocat, de quelques noix, d’une tomate bien rouge, d’un poivron jaune, de quelques airelles acidulées et de pommes de terre sautées croustillantes. Et maintenant, comparez-la à une assiette de spaghetti bolognaise recouverte de parmesan. L’un est une explosion de couleurs, de saveurs, de nutriments. L’autre est un plat beige. Plat dans tous les sens du terme.

Pourtant, le second est encore considéré comme « classique », « rassasiant », « réconfortant ». Ce n’est pas qu’il est mauvais. C’est qu’il est culturellement dominant. Et c’est là qu’intervient notre provocation : et si votre alimentation reproduisait, inconsciemment, des schémas d’exclusion ?

La peur du différent, jusque dans l’alimentation

Ce que nous appelons ici, avec une pointe d’ironie, un « régime raciste », c’est justement ce refus de la diversité. Ce confort de l’uniformité, cette peur de ce qui est trop coloré, trop épicé, trop différent. C’est la préférence inconsciente pour les plats de l’enfance, ceux qui ne dérangent pas, qui n’explosent pas en bouche, qui ne remettent rien en question. Mais votre corps, lui, réclame autre chose. Il réclame des vitamines, des polyphénols, des acides gras insaturés. Il réclame du changement. Et de la nuance.

La monotonie dans l’assiette : une forme d’ignorance tranquille

Il ne s’agit pas ici de culpabiliser qui que ce soit. Nous avons tous mangé des nouilles au beurre ou des croque-monsieur industriels un soir de fatigue. Ce qui est en jeu, c’est la répétition. C’est le fait que, jour après jour, semaine après semaine, certaines assiettes se ressemblent toutes. Et finissent par ressembler à une doctrine. Trop de fromage fondu, pas assez de chlorophylle. Trop de sauce brune, pas assez de fraîcheur crue. Trop de sécurité, pas assez de découverte. Cela ne relève pas d’un crime culinaire – mais peut-être d’un manque d’imagination… ou de curiosité sensorielle.

Rééduquer son regard au marché

Alors que faire ? D’abord, désapprendre. Apprendre à faire ses courses autrement. Aller au marché, regarder ce qu’on n’a jamais cuisiné. Acheter ce légume violet qu’on a toujours ignoré. Mélanger la grenade avec le fenouil. Oser la betterave crue. Associer la coriandre fraîche avec le poulet rôti. Ne pas tout cuire. Ne pas tout sucrer. Ne pas tout réduire en purée. En un mot : varier. C’est plus qu’une stratégie nutritionnelle, c’est une posture existentielle. Il s’agit de s’ouvrir à l’inconnu, de réintégrer le goût dans le champ des découvertes et non des habitudes figées.

L’ennemi invisible : l’automatisme alimentaire

Et puis, questionner. Pourquoi mon assiette est-elle toujours beige ? Pourquoi mon frigo contient-il six produits à base de blé, mais aucun fruit exotique ? Pourquoi ai-je peur des aliments que je ne connais pas ? Pourquoi le curcuma me fait-il peur ? Pourquoi ai-je cessé de manger des choses croquantes ? À travers ces questions culinaires, c’est notre rapport au monde qui se révèle. Et peut-être aussi nos petits préjugés intimes, bien au chaud derrière les rideaux de notre cuisine. Car dans le fond, la peur du curcuma n’est jamais vraiment une affaire de goût.

Cuisiner n’est pas politique… sauf quand ça l’est

Il ne s’agit pas de dire que vous êtes raciste parce que vous mangez des lasagnes. Il s’agit de dire que, parfois, l’uniformité dans l’assiette peut devenir un symbole de repli. Un manque d’ouverture. Une réduction du monde à ce qu’on connaît déjà. Et c’est justement là que l’acte de cuisiner peut redevenir politique, non pas en militant, mais en choisissant : de sortir des sentiers battus, de ne pas reproduire sans fin ce que les générations précédentes ont mis dans l’assiette. Varier, c’est évoluer. Mélanger, c’est vivre.

Assumer le mélange

Alors la prochaine fois que vous préparez un repas, ne pensez pas en termes de protéines ou de macros. Pensez en termes de couleurs, de textures, de surprises. Prenez une viande maigre, ou du poisson, ou des œufs, et entourez-les de légumes aux couleurs vives, de fruits croquants, d’aromates puissants. Et si vous n’avez pas tout, improvisez. Le hasard est souvent meilleur cuisinier que l’algorithme. Et c’est aussi ça, la beauté du mélange : il est imparfait, mais vivant.

Conclusion provisoire, avant l’audience

Et souvenez-vous : peu importe la combinaison de couleurs que vous choisirez, vous ne suivez plus un « régime raciste ». Vous incarnez la diversité, dans votre assiette comme ailleurs. Et votre corps vous dira merci – sans avoir besoin de discours politique.

P.S. : Je dois vous laisser. Le tribunal vient de me convoquer – apparemment, j’aurais tenu des propos racistes sur Internet. Heureusement, j’ai une salade multicolore à leur présenter comme preuve de ma bonne foi…

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