L’index glycémique (IG) est devenu l’un des critères les plus cités dans les discussions autour de la nutrition, de la perte de poids et de la prévention du diabète. Pourtant, peu de gens comprennent réellement ce qu’il signifie, comment il est mesuré, et surtout, comment l’utiliser intelligemment dans la vie quotidienne. Cet article vise à démystifier l’IG, à éviter les généralisations trop simplistes et à proposer une lecture équilibrée, sans tomber dans les extrêmes alimentaires.
Qu’est-ce que l’index glycémique ?
L’index glycémique est une échelle de 0 à 100 qui mesure la vitesse à laquelle un aliment contenant des glucides élève le taux de sucre dans le sang après ingestion. Par convention, le glucose pur sert de référence avec un IG de 100. Plus un aliment a un IG élevé, plus il provoque une hausse rapide de la glycémie. À l’inverse, un IG bas indique une absorption plus lente, donc une réponse glycémique plus douce.
IG bas, modéré ou élevé : que signifient les chiffres ?
Les valeurs de l’IG sont généralement classées en trois catégories : faible (55 ou moins), modéré (56 à 69) et élevé (70 ou plus). Par exemple, les lentilles ont un IG bas (~25), le riz blanc un IG élevé (~85), tandis que les bananes mûres se situent dans la moyenne (~60). Mais il est essentiel de comprendre que l’IG d’un aliment n’est pas une valeur absolue : il dépend du mode de cuisson, de la maturité (dans le cas des fruits), de la variété, du traitement industriel, et même des autres aliments consommés au même moment.
Pourquoi l’IG est-il important ?
Une glycémie qui monte trop vite entraîne une sécrétion importante d’insuline. Or, des pics répétés d’insuline peuvent favoriser le stockage des graisses et, à terme, épuiser la sensibilité des cellules à cette hormone – un mécanisme central dans le développement du diabète de type 2. Pour les personnes en surpoids, sédentaires ou génétiquement prédisposées, prêter attention à l’IG peut être un outil utile pour réguler leur métabolisme. Mais l’IG n’est qu’une pièce du puzzle. D’autres facteurs comme la densité calorique, la charge glycémique, la présence de fibres, de graisses ou de protéines jouent aussi un rôle majeur.
| Aliment | Index glycémique (IG) | Charge glycémique (CG, pour 100g) |
|---|---|---|
| Pain blanc | 75 | 45 |
| Riz basmati cuit | 50 | 27 |
| Pomme de terre (purée) | 85 | 20 |
| Lentilles | 25 | 7 |
| Banane mûre | 60 | 13 |
| Pastèque | 72 | 4 |
| Flocons d’avoine | 55 | 15 |
| Chocolat noir 70% | 25 | 5 |
| Soda sucré | 65 | 23 |
| Carottes crues | 35 | 3 |
La charge glycémique : un critère complémentaire
La charge glycémique (CG) tient compte à la fois de l’IG d’un aliment et de la quantité réelle de glucides qu’il contient. Par exemple, la pastèque a un IG élevé (~72), mais sa CG est faible car elle est composée essentiellement d’eau et ne contient que peu de glucides par portion. Autrement dit, un aliment peut avoir un IG élevé mais ne pas affecter fortement la glycémie s’il est consommé en petite quantité ou dilué dans une matrice riche en fibres. La CG est donc souvent un indicateur plus pertinent que l’IG seul.
IG et performance sportive : faut-il éviter les sucres rapides ?
Pas nécessairement. Dans certaines situations, des aliments à IG élevé peuvent être bénéfiques – par exemple, pour restaurer rapidement les réserves de glycogène après un entraînement intense. Un jus de fruit ou une banane mûre peuvent ainsi accélérer la récupération. En revanche, consommer systématiquement des produits à IG élevé dans un mode de vie sédentaire peut favoriser la prise de poids et augmenter le risque métabolique. Comme souvent, le contexte fait toute la différence.
Des pièges à éviter avec l’index glycémique
Un piège courant est de croire qu’un IG bas signifie automatiquement qu’un aliment est « sain ». Or, le chocolat noir a un IG bas (~25), mais est calorique et riche en graisses. Inversement, certaines pommes de terre cuites à la vapeur ont un IG élevé, mais restent un aliment naturel, nutritif et rassasiant. Il est donc risqué de juger un aliment uniquement sur sa réponse glycémique. L’approche la plus raisonnable consiste à favoriser les aliments complets, peu transformés, riches en fibres et à varier les sources de glucides.
Index glycémique et perte de poids : une stratégie utile ?
Certains régimes se basent exclusivement sur l’IG, en recommandant uniquement des aliments à faible IG. Si cette stratégie peut aider certaines personnes à mieux gérer leur glycémie et leurs fringales, elle n’est pas universelle. La perte de poids durable dépend d’abord du bilan énergétique (dépense vs. apport), de la régularité des repas, de la qualité des nutriments, du sommeil et de l’activité physique. L’IG peut être un guide complémentaire, mais il ne remplace pas une alimentation équilibrée dans son ensemble.
Comment appliquer l’IG au quotidien sans se compliquer la vie ?
Il n’est pas nécessaire de connaître l’IG de chaque aliment. Quelques principes simples suffisent : privilégier les céréales complètes (avoine, riz brun, quinoa), associer toujours glucides et protéines, intégrer des légumes à chaque repas, éviter les produits ultra-transformés, limiter les sucres ajoutés. Mâcher lentement, cuisiner soi-même, choisir des aliments riches en fibres sont des habitudes qui abaissent naturellement la réponse glycémique globale d’un repas. Pas besoin de calculs complexes, juste de bon sens.
Une question d’équilibre, pas d’obsession
L’index glycémique est un outil parmi d’autres pour comprendre comment notre alimentation influence notre santé. Il est utile, mais pas absolu. L’important est de l’intégrer dans une démarche globale : comprendre, adapter, tester sur soi. Il ne s’agit pas d’exclure les pommes de terre ou le riz blanc à jamais, mais de construire des repas plus stables, plus rassasiants, moins sucrés – sans se priver inutilement. En nutrition comme ailleurs, la nuance est souvent plus puissante que les dogmes.