Un phénomène importé
Aux États-Unis, le HIIT est une religion. En vingt minutes, on vous promet un corps transformé, une endurance accrue et une perte de graisse spectaculaire. En France, le concept est arrivé plus tardivement, et avec une réception plus prudente. Ici, la culture du « sport santé » et du bien-être rend les promesses américaines parfois suspectes.
Pourtant, les salles de fitness low-cost comme Basic-Fit ou Neoness proposent désormais des sessions de HIIT collectives, souvent sous forme de circuits rapides. Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce sigle séduisant ?
Qu’est-ce que le HIIT exactement ?
HIIT signifie High-Intensity Interval Training, soit entraînement fractionné à haute intensité. Le principe est simple: alterner des phases très intenses (sprints, burpees, squats sautés) avec de courtes périodes de récupération. Par exemple, 30 secondes de burpees suivies de 30 secondes de repos, répété dix fois.
L’idée est de condenser en vingt minutes un effort qui, dans le cardio traditionnel, demanderait quarante-cinq minutes de jogging. Ce format, rapide et brutal, séduit ceux qui prétendent « ne pas avoir le temps » pour s’entraîner.
Les promesses: gain de temps et efficacité
Les arguments en faveur du HIIT sont nombreux. Premièrement, le gain de temps: vingt minutes suffiraient pour travailler tout le corps. Deuxièmement, l’amélioration de la VO₂max, indicateur clé de la capacité cardio-respiratoire. Troisièmement, l’effet afterburn (EPOC – consommation d’oxygène post-exercice), censé brûler des calories supplémentaires pendant plusieurs heures.
Enfin, les adeptes du HIIT vantent sa capacité à réduire la masse grasse tout en préservant, voire en développant, la masse musculaire. Autrement dit: la promesse d’un corps athlétique en un minimum de temps.
La réalité: limites et risques
La science nuance l’enthousiasme. Oui, le HIIT améliore la VO₂max et favorise la combustion calorique. Mais les études montrent que les effets ne sont pas aussi miraculeux qu’annoncés. Surtout, l’intensité représente un obstacle: pour les débutants, les séances sont trop dures et augmentent le risque de blessures.
Le HIIT peut aussi élever le cortisol, hormone du stress, si pratiqué trop fréquemment. En somme, ce n’est pas la solution universelle qu’on voudrait vendre, mais un outil adapté à des profils précis: sportifs confirmés, motivés et sans problèmes de santé majeurs.
Le HIIT à la française
En France, le HIIT ne domine pas la scène comme aux États-Unis. Les disciplines douces – yoga, pilates, marche active – restent prioritaires. Toutefois, les grandes chaînes l’ont intégré: Basic-Fit, Neoness et d’autres proposent des formats courts de vingt minutes, souvent collectifs, qui séduisent une clientèle jeune et urbaine.
Les cours collectifs de type bootcamp connaissent un succès certain dans les grandes villes, mais ils restent marginaux par rapport au yoga ou au cyclisme urbain. Autrement dit, le HIIT a trouvé sa place, mais il ne correspond pas totalement à l’âme française du « sport comme art de vivre ».
HIIT, cardio et yoga: la comparaison
Pour comprendre où se situe le HIIT, rien de mieux qu’une comparaison avec d’autres méthodes populaires.
Aspect | HIIT | Cardio classique | Yoga/Pilates |
---|---|---|---|
Durée | 15-25 minutes | 30-60 minutes | 30-75 minutes |
Intensité | Très élevée | Modérée | Faible à modérée |
Accessibilité | Sportifs confirmés | Tout public | Tout public |
Bénéfices | Endurance, perte de graisse, efficacité | Santé cardio, endurance, gestion du poids | Mobilité, stress, équilibre |
Risques | Blessures, stress, découragement | Moins de blessures, monotone | Faible intensité, résultats plus lents |
HIIT et santé publique
L’OMS recommande au moins 150 minutes d’activité modérée ou 75 minutes d’activité intense par semaine. Sur le papier, le HIIT permet de cocher rapidement cette case. Mais en pratique, 73 % des jeunes Français n’atteignent même pas les niveaux minimaux d’activité. L’initiative « Go for 30 », qui encourage chacun à bouger au moins trente minutes par jour, souligne que le problème n’est pas de trouver la méthode parfaite, mais de bouger davantage au quotidien.
Le HIIT ne sauvera pas la santé publique française à lui seul; il peut en revanche être un complément efficace pour ceux qui ont déjà une base d’activité physique.
Un outil, pas une baguette magique ...
Le HIIT est un outil puissant, mais pas universel. Il offre un rendement intéressant pour les sportifs pressés, motivés et encadrés. Mais il ne correspond pas à tous les profils, et son intensité en fait une arme à double tranchant.
En France, où l’équilibre, la santé et la convivialité priment sur la performance brute, le HIIT restera probablement un entraînement de niche – utile, stimulant, mais incapable de remplacer la marche, le vélo ou le yoga comme piliers du bien-être quotidien. Promettre un corps de magazine en vingt minutes est séduisant; construire une santé durable reste un marathon, pas un sprint.
Sources
- Gillen, J.B. et al. (2016): « Twelve weeks of sprint interval training improves cardiometabolic health similar to traditional endurance training despite a five-fold lower exercise volume. » PLOS One, 11(4): e0154075.
- Weston, M. et al. (2014): « High-intensity interval training in a real world setting: a systematic review and meta-analysis. » British Journal of Sports Medicine, 48(16): 1227–1234.
- Allianz (2024): « The French are active but some remain on the sidelines. » allianz.com
- WHO (2020): « Guidelines on Physical Activity and Sedentary Behaviour. »