Mal de dos : pourquoi bouger est le seul vrai traitement

Mal de dos : pourquoi bouger est le seul vrai traitement

Scott Webb pexels

Un mal universel qui coûte cher – à chacun et à la société

Le mal de dos est la pathologie la plus répandue de notre époque connectée mais sédentaire. Selon une étude menée par l’Inserm en 2024, plus de 9 personnes sur 10 ont déjà souffert d’un épisode lombalgique. Ce chiffre hallucinant ne concerne pas uniquement les personnes âgées ou les travailleurs de force : jeunes, cadres, étudiants, toutes les générations sont concernées.

Le plus souvent, il s’agit de douleurs vagues, récidivantes, parfois résistantes, sans lésion objectivable à l’imagerie. Ces douleurs, dites non spécifiques, concernent principalement la région lombaire, le fameux « bas du dos ». Et si elles font souffrir physiquement, elles représentent aussi un gouffre économique pour la collectivité, avec plus de 25 milliards d’euros dépensés chaque année rien qu’en France pour leur prise en charge.

Et si la solution ne se trouvait pas chez le médecin, mais dans vos chaussures ?

La bonne nouvelle, c’est que dans l’immense majorité des cas, les douleurs lombaires peuvent être atténuées, voire disparaître, avec un peu de mouvement. C’est ce que confirme Helmut Haas, directeur sportif du centre Campus Sports & Réhabilitation à Nuremberg : « La plupart des douleurs sont liées à des contractures musculaires ou à des inflammations légères, que le mouvement aide à résorber. » Il précise que deux patients sur trois qui s’inscrivent dans son centre viennent pour des douleurs dorsales, ce qui reflète bien l’ampleur du problème.

Et contrairement à une idée reçue, même les personnes souffrant de douleurs chroniques ont tout à gagner à se remettre en mouvement. Le cerveau enregistre la douleur dans une mémoire corporelle comparable à celle d’un membre fantôme, maintenant la sensation même après la disparition du problème initial. Bouger devient donc un acte de désensibilisation.

Avant de bouger, il faut diagnostiquer : précision avant prescription

Avant de chausser vos baskets ou de vous suspendre à une barre de traction, un diagnostic s’impose. Chez Campus Sports, chaque nouveau membre commence par un bilan orthopédique réalisé par un kinésithérapeute. L’objectif ? Déterminer l’origine des douleurs, analyser la mobilité, la posture et la force musculaire. Ce n’est qu’en fonction de ces éléments qu’un programme d’entraînement personnalisé est mis en place.

Car il n’y a pas un mal de dos, mais une infinité de causes possibles : raideur articulaire, déséquilibre musculaire, déformations structurelles ou simples mauvaises habitudes posturales. Ce que l’on appelle trivialement « avoir mal au dos » est en réalité un monde complexe à cartographier avant d’être traité.

S’asseoir est un acte dangereux (surtout quand on ne bouge plus ensuite)

L’un des facteurs les plus sous-estimés du mal de dos est l’immobilité prolongée. Passer 8 heures par jour assis devant un écran, dos courbé, épaules rentrées, est une invitation directe à la contracture musculaire et à la dégénérescence discale. Selon Helmut Haas, « nous passons des années à mal nous asseoir, sans jamais remettre en question nos chaises, bureaux ou postures. » Il recommande une position assise dynamique, avec des changements fréquents, des pauses actives, et si possible un bureau réglable en hauteur. L’ergonomie ne doit pas être un luxe d’entreprise technologique, mais un outil de santé publique.

Et les jeunes ? Eux aussi dans le viseur de la douleur

De plus en plus de jeunes adultes consultent pour des douleurs de dos chroniques. La faute à des heures passées sur des écrans, une absence totale de renforcement musculaire et des déséquilibres posturaux accumulés dès l’enfance. Chez certains, des asymétries au niveau des hanches ou des épaules engendrent des tensions diffuses sur les ligaments, les vertèbres et les disques intervertébraux. La solution ?

Un programme adapté d’exercices de gainage, d’étirements ciblés et de mobilité articulaire. Pas besoin de devenir haltérophile : deux à trois séances hebdomadaires suffisent à inverser la tendance, à condition qu’elles soient régulières, progressives et encadrées.

Des exercices simples, mais précis : la clé de l’efficacité

Pour être efficace, un entraînement du dos ne doit pas ressembler à une punition. La priorité est la qualité du mouvement, la posture et la constance. Helmut Haas recommande deux à trois séances par semaine, avec au moins une journée de repos entre deux, pour permettre la régénération des tissus. On commence léger, avec peu de charges, mais beaucoup de répétitions (25 à 30), en insistant sur la précision des gestes.

Ce n’est pas la charge qui compte, mais l’alignement du bassin, la stabilité de la colonne, et la symétrie des chaînes musculaires. Et surtout : ne pas négliger les abdominaux, les fessiers, les épaules et la nuque. Un dos fort sans gainage est un déséquilibre en devenir.

Bouger n’est pas une option, c’est le traitement

Le mal de dos n’est pas une fatalité. Ce n’est pas non plus une simple affaire de repos ou d’anti-inflammatoires. Dans la grande majorité des cas, le mouvement reste le traitement le plus logique, le moins coûteux et le plus durable. À condition d’être bien guidé, bien diagnostiqué, et bien motivé. La prévention commence à la maison, dans la façon dont on s’assoit, se lève, soulève un sac ou marche dans la rue. Et si la meilleure recette pour aller mieux était tout simplement de remettre son corps en circulation ? Ce n’est pas un slogan. C’est une vérité biomécanique.

Sources scientifiques

Inserm, Enquête épidémiologique 2024 : "Prévalence et typologie des lombalgies chroniques en France".
Revue Kinésithérapie, Volume 28, 2023 : "Rééducation active des lombalgies non spécifiques".
Université de Francfort, 2024 : "Effets de l’activité physique modérée sur les douleurs lombaires chroniques".
Haute Autorité de Santé (HAS), recommandations 2025 sur la prise en charge du mal de dos.

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