Le virus progresse : la Provence et la Côte d’Azur en première ligne
À seulement 100 kilomètres de la frontière suisse, un cas autochtone de Chikungunya a été signalé en juillet 2025 dans le Haut-Rhin, en Alsace. Ce n’est pas un cas isolé. Depuis plusieurs années déjà, la moustique tigre asiatique (Aedes albopictus) s’est établie dans une grande partie du sud de la France, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Occitanie et en Corse. Ces régions, prisées par les vacanciers, les campeurs et les sportifs de plein air, sont désormais considérées comme des zones à risque potentiel d’infection locale.
Carte des zones européennes à risque
Le risque ne s’arrête pas aux frontières françaises. Les pays voisins où de nombreux Français passent leurs vacances — l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce — présentent également des foyers confirmés ou potentiels de transmission locale du virus.
Pays | Régions concernées | Observations |
---|---|---|
Italie | Latium, Émilie-Romagne, Vénétie | Foyers confirmés en 2007 et 2017 |
Espagne | Valence, Catalogne | Présence établie du moustique tigre |
Grèce | Sud du pays, Crète | Climat favorable à la reproduction des moustiques |
Portugal | Madère | Antécédents de flambées de Dengue |
Qu’est-ce que le Chikungunya ?
Le Chikungunya est une maladie virale tropicale transmise presque exclusivement par la piqûre d’un moustique infecté, en particulier la moustique tigre. Les symptômes apparaissent généralement entre 4 et 8 jours après la piqûre. Ils incluent une forte fièvre, des douleurs articulaires intenses (le nom vient du swahili, signifiant « celui qui se courbe »), des maux de tête et une fatigue marquée. Chez la plupart des personnes, les symptômes disparaissent en une semaine, mais des douleurs articulaires persistantes peuvent durer plusieurs mois.
Pourquoi les sportifs sont-ils concernés ?
Les sportifs, amateurs ou confirmés, sont souvent en extérieur aux heures où la moustique tigre est active (matinée et fin d’après-midi). Les séances de course à pied, les randonnées, les entraînements de vélo ou les sessions de musculation en plein air sont autant d’occasions de se faire piquer. Le virus peut affecter les performances physiques, non seulement pendant la phase aiguë, mais aussi à cause des douleurs articulaires prolongées.
Focus sur les régions françaises à haut risque
En France, les zones les plus propices à la prolifération du moustique tigre coïncident avec les destinations favorites des vacanciers :
Région | Présence du moustique tigre | Risque d’infection locale |
---|---|---|
Provence-Alpes-Côte d’Azur | Établie | Élevé |
Occitanie | Établie | Modéré à élevé |
Corse | Établie | Modéré |
Nouvelle-Aquitaine | En expansion | Faible à modéré |
Les destinations internationales des vacanciers français
Les Français sont nombreux à passer leurs vacances d’été dans d’autres régions du sud de l’Europe. En Italie (notamment dans le Latium ou en Émilie-Romagne), des foyers de Chikungunya ont déjà été enregistrés, tout comme en Espagne (Catalogne, Andalousie), au Portugal (notamment à Madère) et en Grèce (Crète et Péloponnèse).
Le climat chaud et humide, l’abondance de petits réservoirs d’eau et la présence humaine dense pendant l’été favorisent la reproduction du moustique et augmentent le risque d’une transmission locale du virus.
Comment se protéger efficacement ?
La prévention reste l’arme la plus efficace contre le Chikungunya. Voici les mesures à adopter, en particulier pour les personnes actives et sportives :
- Appliquer un répulsif anti-moustique à base de DEET ou d’icaridine sur toutes les zones découvertes du corps.
- Porter des vêtements longs et légers, de couleur claire.
- Utiliser des moustiquaires, notamment lors des siestes ou des nuits en camping.
- Éviter les zones avec de l’eau stagnante (coupelles, gouttières, fontaines), surtout en bord de mer ou en zone boisée.
- Éviter les séances sportives tôt le matin ou en fin de journée sans protection.
- Continuer à se protéger au retour, même sans symptômes apparents, afin de ne pas favoriser la transmission locale.
Existe-t-il un vaccin ?
Deux vaccins sont désormais disponibles dans l’Union européenne : Ixchiq® (pour les adultes) et Vimkunya® (à partir de 12 ans). Aucun des deux n’est encore autorisé en France au moment de la publication de cet article. Ils sont surtout recommandés aux personnes exposées longuement dans les zones d’endémie. Des effets secondaires sont actuellement à l’étude, notamment chez les personnes âgées.
Que faire en cas de suspicion de Chikungunya ?
Si vous présentez des symptômes après un séjour dans une zone à risque (fièvre soudaine, douleurs articulaires intenses), il est conseillé de consulter rapidement un médecin. Le traitement est uniquement symptomatique : paracétamol, repos, hydratation. En cas de doute, un test sanguin permet de confirmer l’infection.
Conséquences à long terme : un risque ignoré pour les sportifs
Si le virus Chikungunya est rarement mortel, ses effets prolongés peuvent lourdement affecter les personnes physiquement actives. De nombreux patients rapportent des douleurs persistantes et une fatigue chronique bien après la disparition de la fièvre. Pour les sportifs, cela signifie souvent une interruption prolongée de l'entraînement et des difficultés à retrouver leur niveau antérieur.
Conséquence | Description | Prévalence estimée |
---|---|---|
Douleurs articulaires chroniques | Inflammations persistantes, raideurs aux poignets, genoux ou chevilles | 30–40 % |
Fatigue prolongée | Épuisement général, perte d'endurance et de motivation | 20–30 % |
Troubles neurologiques légers | Maux de tête, troubles de la concentration, irritabilité | 5–10 % |
Réactions auto-immunes | Douleurs articulaires inflammatoires d'allure rhumatismale | <5 % |
Les personnes les plus à risque sont les sportifs de plein air, les voyageurs fréquents dans les zones touchées, ainsi que les individus atteints de maladies chroniques. Dans ces cas, la vaccination devient un outil essentiel non seulement pour prévenir la maladie, mais aussi pour garantir la continuité de l’activité physique à moyen terme. En matière de performance et de prévention, mieux vaut protéger ses articulations à temps que subir une convalescence imprévisible.
Vigilance - pas panique
Le Chikungunya ne doit pas gâcher vos vacances ou vos entraînements en plein air. En revanche, une vigilance accrue s’impose, surtout dans les régions du sud de la France et lors des voyages vers les pays méditerranéens. Le bon réflexe ? Se protéger efficacement, signaler les moustiques suspects, et ne jamais négliger une fièvre en retour de voyage.
Sources :
1. Santé publique France – www.santepubliquefrance.fr
2. Ministère des Solidarités et de la Santé – solidarites-sante.gouv.fr
3. European Centre for Disease Prevention and Control – ecdc.europa.eu
4. Organisation Mondiale de la Santé – who.int/fr