En France, terre de marathons urbains, de crossfit tricolore et de culturisme discipliné, les suppléments alimentaires sont devenus presque aussi français que le camembert. Mais parmi les gélules prisées par les sportifs, une molécule soulève de plus en plus de questions : la Coenzyme Q10, ou plus familièrement la CoQ10. Et à juste titre, car non, toutes les CoQ10 ne se valent pas. Bienvenue dans le duel silencieux entre l'ubiquinone et l'ubiquinol.
Pourquoi les sportifs devraient s’intéresser à la CoQ10
La CoQ10 est essentielle à la production d’énergie cellulaire. Elle agit comme une étincelle dans la mitochondrie, cette usine à ATP qui permet à vos biceps de soulever plus lourd et à vos mollets de tenir la cadence. Mais voilà : cette molécule miracle diminue naturellement avec l'âge. Dès la trentaine, les niveaux commencent à chuter. Les sportifs de plus de 35 ans peuvent donc commencer à ressentir une baisse de performance ou une récupération plus lente, même si leur hygiène de vie est exemplaire. Or, ce n’est pas uniquement une question d’âge. Certaines médications, notamment les statines prescrites pour le cholestérol, sabotent aussi la production naturelle de CoQ10 dans le foie.
Ubiquinone ou Ubiquinol : ce que votre pharmacien ne vous dit pas
La plupart des suppléments de CoQ10 vendus en pharmacie ou en boutique de sport en France contiennent de l'ubiquinone, la forme oxydée. Moins chère, plus stable, plus facile à conditionner, elle a tout pour plaire... sauf peut-être une efficacité optimale. Car pour être utilisable par l'organisme, l'ubiquinone doit être convertie en ubiquinol. Or, ce processus de conversion ralentit nettement avec l’âge, le stress oxydatif, certaines pathologies et... les médicaments comme les statines. Donc, si vous prenez des statines ET de l'ubiquinone, c'est un peu comme essayer de remplir votre réservoir d'essence avec une paille percée. C'est long, frustrant, et vous n'irez pas très loin.
Les médicaments qui interagissent avec la CoQ10
Outre les statines, d’autres médicaments souvent prescrits en France peuvent perturber la biosynthèse ou l’absorption de la CoQ10 : les bêta-bloquants, certains antidépresseurs tricycliques, les traitements contre le diabète de type 2, et même les inhibiteurs de la pompe à protons utilisés pour les reflux gastriques. Pour les sportifs sous médication, cela signifie que la simple prise d'un complément à base d'ubiquinone risque d'être aussi efficace qu'un échauffement de 30 secondes avant un deadlift à 200 kg : inutile, voire risqué.
Pourquoi l'ubiquinol devient incontournable avec l'âge
Les études récentes montrent que l’ubiquinol est bien mieux absorbé, surtout chez les personnes de plus de 40 ans ou sous traitement médicamenteux chronique. Il a aussi un effet antioxydant direct, contrairement à l'ubiquinone. Pour les sportifs, cela signifie une meilleure récupération, une performance plus stable sur le long terme et moins de stress oxydatif induit par l'entraînement intense. Autrement dit : moins de fatigue, plus de gains. Oui, même si vous avez passé le cap des 45 ans et que vous jurez encore par vos circuits training.
Faut-il changer de complément maintenant ?
Si vous êtes sportif, que vous avez plus de 35 ans, ou que vous prenez des statines (et selon les chiffres de l’Assurance maladie, cela concerne plus de 5 millions de Français), il serait temps de regarder l'étiquette de votre complément CoQ10. Si vous y voyez "ubiquinone", considérez le changement. Et ne vous laissez pas berner par le prix : l'ubiquinol est plus cher, oui, mais un muscle bien oxygéné, ça n'a pas de prix.
Entre les labels bio, les promesses marketing et les recommandations parfois contradictoires, le choix du bon supplément peut virer au parcours du combattant. Mais pour la CoQ10, une règle simple s'impose : si vous voulez de la performance, de la récupération et une vraie protection cellulaire, optez pour l'ubiquinol. Après tout, pourquoi passer des heures à s'entraîner pour ensuite saboter ses résultats avec le mauvais complément ?